Donne-toi dans le soir un peu d’air
Ouvre à vent rompre la baie
Chante crie « assez de cette paix »
Car la paix des choses n’est pas celle des vivants
Ne quémande plus ton obole à Charon
Tu as plongé bien trop souvent dans les eaux égoïstes
Dans leur bain de faveur de peur ou de jouissance
Tu as trop obéi en croyant subvertir
Tes doigts ont dénoué les fils de ta laisse
Jour après jour l’espace se dilatait
Et dans tes poumons noirs d’une colère terreuse
S’est écoulée une silencieuse révolte
Qui veut le pain les roses
Qui fait ce qu’elle entend
Non d’elle ce qu’on attend
Il est assez vraiment il est brodé aux armes
De ces promesses d’outre-monde
Et des lointains absents
Nous vivons dans le feu de l’instant et l’on ose
Enfin surgir de l’ombre et de son pas glaçant
Nous sommes la vie venue brûlant comme l’eau forte
Nous sommes l’incendie de cet immonde monde
Et derrière les trumeaux derrière les écrans faux
Nous venons déchirer les hardes des marchands
Et semer devant soi la commune renaissante
A jamais
Pour personne et pour tous
Au partage de la vie
Et à l’égalité de nos êtres
Dormiens Ligno