J’ai rompu en visière avec la direction
Les ressources humaines
Ces êtres tout entiers réduits à des fonctions
Des gens peuplant le vide de l’administration
Computant le cheptel et ses hures abaissées
Tuant la métaphore le symbole et la vie
L’esprit encaserné dans des cheminées noires
Chemise amidonnée et pommettes sans fard
J’ai compris quand la grève surgit un beau matin
Que ces hommes distants nous conduisaient en train
Vers des contrées lointaines blafardes anéanties
Comme l’est leur relation à ce qui fait la vie
Il faut bien se défaire et tenir en lisière
Le museau de leurs sœurs et frères congénères
Rien ne respire mieux la paperasse froissée
Que l’écran dont leurs yeux sont les reflets glacés
Le comptable se rengorge de ses lisses tableaux
Corsetant l’employé le taillant au cordeau
Que la case le contienne et les chiffres le cernent
Sous ses paupières éteintes dans la nuit du travail
Travail travail travail que l’on croit naturel
Comme se lève le soleil et Séléné se couche
Tel arbuste qui germe puis devient une souche
Le travail est ainsi présenté dans le monde
Rengaine de tous les chefs, leur propre « la terre est ronde »
L’employeur est un arbre le labeur est un fruit
La propriété reine une loi de la vie
Évident naturel certain et assuré
Tout ce qui pourtant tombe sous les coups insurgés
Chaque siècle confond ce grand marché de dupe
Cette illusion bourgeoise qu’on brandit à nos huppes
Télévisions, radios, réseaux, folliculaires
Malgré leurs pieux rameaux louanges aux actionnaires
Et leur tombereau lâche de recors et de flics
Militaires d’appoint et sicaires de fortune
S’évaporent soudain aussi vite que l’on clique
Et révèlent au commun qu’ils ne sont de la thune
Que gueules dégorgeant « Ave ma République »
Ou bien « ma monarchie », démocrate, tyrannique
Ce régime fantasque et chaque fois changeant
Mais où demeure le règne des maîtres de l’argent
Ces têtes bien nommées qui siégeant sur leurs trônes
Dans les salles de marché où se clame le prône
Ou bien dans les bureaux des lambris séculiers
De l’État régiment de bourgeois en collier
Start-up pour jouissance de la servilité
Édifiant sa vacance en fausse probité
Contre-maître aguerri casuel de sadique
Virilité du jeu performante musique
Qu’une communauté qui reconnaît ses armes
Et se dresse pour briser de ce funeste charme
L’emprise terroriste l’attentat régulier
Interrompt et renverse à grands coups de souliers
Reprenant l’écritoire des partitions communes
A la lumière des vies matérielles qui sont une
Silvam Dormiens