Tu verras un jour dans ta cahute
Loin de ton bureau
Loin des hommes gris
Qui te disent bonjour au matin
Comme l’ordinaire dit bonjour
Le nez près de la cafetière
L’œil absent disant ce qui se dit
Tu verras un jour et peut-être demain
Ce que tu couvais de rage
Ce que tu ourdissais de partage
Au creux de tes rêves
Quand tout alors s’achève
Tu verras que les murs de ta boîte
Ne sont que de carton-pâte
Que la tête du patron n’est qu’un visage d’acteur
Et que sur tes lèvres se promènent des paroles contraires
Tu sentiras la force dans tes mains
La chaleur de l’écorce indurée dans ta paume
Et le jeu des pensées qui se répandent en toi
Leur puissance affirmative
Tu verras que l’azur se troue de coulées d’encre
Et que ne tiennent plus les coupoles sacrées
Les manageurs dévorant les planchers
Tes diplômes apparaîtront pour ce qu’ils sont
Des papiers à plier à faire des cocottes
Pour les enfants du quartier
Tu sauras intimement sans même parler
Ce que tu veux ce que tu vas faire
Ton prof ne sera pas là
Ton flic sera au bistrot
Ton boss avec lui-même
Comptera les chrysanthèmes
De ses comptes apurés
Tu verras et tu feras
Sans eux sans haine
Et avec d’autres
D’autres mains que les tiennes